L’Arbre de Noël des enfants à St Geyrac en 1939

Cet article, paru en 1939, a été conservé et transmis par les descendants de Joseph DUSS

Ci-dessous la transcription de l’article. Cliquez sur les liens en bleu pour en savoir plus.

DANS L’ARRONDISSEMENT

SAINT-GEYRAC

FETE DE L’ARBRE DE NOEL

Le dimanche 24 décembre, les parents des petits évacués ainsi que ceux de la commune, se rendaient à la mairie pour assister à la fête de l’arbre de Noël.

Après quelques paroles aimables de M. le maire pour remercier la si nombreuse société, un joli programme sous la direction de Mme Paris, institutrice, fut exécuté d’une façon parfaite par tous les enfants.

Le chœur d’enfants sous la direction de Mlle Jeanne Duss, évacuée, ainsi que Mlle Edith Lamontagne, Simone Pouffet, et M. Gérard Coulaud remportèrent un succès mérité.

Au milieu des voix joyeuses des petits, gravement, celle d’un évacué entonna le chant si beau: « Douce nuit, sainte nuit », pieusement, s’unirent à sa voix celles de tous les Alsaciens et, pendant quelques instants, nous avons vu les larmes briller dans bien des yeux.

La gentille petite Alsacienne, Marie-Louise Duss, récita un compliment à M. le maire et à sa fille.

Après les derniers applaudissements, récompense bien méritée de nos petits artistes, la distribution des jouets et des friandises furent distribués ainsi que de bonnes brioches.

Remerciements à tous ceux qui participèrent à l’organisation et à l’exécution de cette charmante fête, en particulier à M. Paris, instituteur mobilisé, qui voulut bien consacrer un après-midi sur sa courte permission.

Dévoilons le nom du Père Noël, M. Leuchner.

Une quête au profit des soldats du front produisit la somme de 140 francs.

EXCIDEUIL

Interview de Bertine Guine: son souvenir de l’arbre de Noël de 1939

Joseph Duss

Image mise en avant: tableau de Joseph Duss datant de 1940

Photo provenant de la carte d’identité de Joseph Duss, délivrée par la « Société nationale des chemins de fer français et chemins de fer algériens », le 9 mai 1940, valable jusqu’au 25 mars 1941, et donnant droit à une réduction de 50 % sur le prix des billets simples à place entière ou d’aller et retour ordinaires. Archives de son petit-fils Bernard Goerig.

Joseph DUSS est né le 20 mai 1886 à Soultzmatt (Moselle). Il s’est marié en 1918 avec Marie Lacaque. De cette union sont nés 7 enfants entre 1920 et 1930.

En 1939, il fut un évacué d’Alsace arrivant dans notre commune où il a peint les tableaux ci-dessous.

Diaporama exécuté avec des photos des tableaux de Joseph Duss

Voici le récit des échanges entre Josette et des membres de la famille Duss:

16 juin 2022

Une petite-fille de Joseph Duss a pris contact par téléphone. Ce fut un moment d’émotion pour toutes les deux !

Elle possède un autre tableau de l’intérieur de l’église : la chapelle Notre Dame, photo ci-dessous.

Elle ne connaît qu’un seul tableau du diaporama mais part à la recherche des autres, possédés (peut-être ?) par d’ autres membres de la grande famille de Joseph Duss (Joseph a eu 7 enfants).

26 juin 2022

Trois tableaux ont déjà été retrouvés et en voici un autre que nous ne connaissions pas.

15 août 2022

Un petit-fils de Joseph Duss nous a contactés. Il nous a fait parvenir les photos de deux tableaux de son grand père, en sa possession : une autre vue de l’église et une bien meilleure photo de la meule. les voici

Nous espérons les présenter en compagnie des petits enfants de Joseph, à notre exposition sur la guerre de 1939-1945, les 7 et 8 mai 2023.

6 février 2023:

Bernard Goerig, un petit-fils de Joseph Duss, envoie un diaporama illustré sur sa famille.

contacts : cis24.association@gmail.com ou téléphoner à Josette Galinat 05 53 35 09 81


Autres réponses face aux pénuries

Les réfugiés nombreux dans la région ont des difficultés de ravitaillement. Les autorités les encouragent à cultiver un jardin potager. Des cartes de jardinage sont établies; elles donnent droit à des semences, à du matériel pour jardin. « Les pouvoirs publics incitent également au ramassage des fruits sauvages (marrons d’Inde, glands, faînes, châtaignes, cynorrhodons, …) »1 .

1 phrase extraite de l’ouvrage déjà cité: la Dordogne pendant la seconde guerre mondiale

La pénurie ne touche pas que le secteur alimentaire. Des cartes de vêtements sont distribuées.

Pour se chauffer et s’éclairer, des demandes de pétrole sont adressées à la mairie.

transcription:

St Geyrac,  le 29-4-44 à M. Auzy

Monsieur,

Je vous donne une commission par Montoriol, pour savoir si oui ou non j’ai droit à toucher du pétrole.

Car je suis métayer à la Combie, chez madame Lidove. Et j’ai mon logement particulier, alors il faudrait bien que je m’éclaire.

Je vous prie, Monsieur le Maire, avec tous mes remerciements d’avance de bien vouloir me donner une réponse par Madame Montoriol.

Recevez Monsieur le Maire mes respectueuses salutations.

Henri Lachaud, la Combie

La pénurie concernait aussi des produits qu’on estimerait aujourd’hui non indispensables: le tabac et le vin. En 1946, une carte de tabac a été délivrée et, en 1947, une carte de vin.

L’essence est contingentée. L’achat de carburant est conditionné par une demande déposée en mairie.

registre de la mairie 1946

Interventions du conseil municipal

Sous le gouvernement de Paul Reynaud (IIIe République)

La guerre est déclarée mais pas encore engagée ; l’hiver 1939 est très froid ; se pose très vite le problème du ravitaillement. Le gouvernement Reynaud nouvellement nommé,  crée les cartes d’alimentation par le décret du 9 mars 1940. Le 24 mars le conseil municipal de Saint-Geyrac délibère (extrait du compte-rendu du conseil municipal ) :

Le recensement de la population relativement à l’établissement des cartes d’alimentation devant être effectué incessamment, il y a lieu de pourvoir à la nomination de recenseurs.

Vu l’exposé ci-dessus, le conseil désigne à cet effet MM. Roumanie Jean, Duvaleix René, Pagès Robert comme recenseurs et Auzy Jean comme contrôleur éventuel, fonctions qu’ils ont acceptées.

Les frais donnant lieu à ce travail sont évalués approximativement de trois à quatre cents francs.

Les frais des évacués du Bas-Rhin est confié à M. Paul Leuchneur, réfugié lui-même.

Pour consulter l’extrait manuscrit du compte-rendu, cliquer ici.

Sous le régime de Vichy avec les pleins pouvoirs à Pétain

Les communes sont chargées de la distribution des cartes d’alimentation, sous l’autorité du Préfet. Dans sa lettre aux maires, le Préfet de la Dordogne indique :

 A partir du 1er septembre, tous les consommateurs de votre commune doivent être munis de la carte d’alimentation et de feuilles de coupons, valables jusqu’à la fin de décembre 1940 

Transcription du compte rendu du conseil municipal du 13 avril 1941

Depuis la mise en application des cartes d’alimentation, c’est avec le concours des membres du conseil que la distribution des cartes et coupons a été effectuée mensuellement à jour fixe et indiqué.

Ce mode de distribution présente en réalité de sérieuses difficultés étant donné les travaux essentiellement agricoles auxquels sont astreints aussi bien les bénéficiaires que les distributeurs ; en outre, le secrétaire1 devant assurer la marche de la maréchalerie de son frère actuellement retenu en captivité, il lui est absolument impossible d’en assurer seul la distribution.

Prenant le bien-fondé des requérants, je me suis mis en rapport avec Monsieur Loubiat Lucien, vice-président communal de la Légion du Combattant, qui lui- même a bien voulu nous prêter son concours et se charger de ce travail moyennant  une rétribution mensuelle de 60 francs.

Considérant que ce dernier a toute compétence désirable pour ce mode de travail, je vous demanderai de bien vouloir lui confier la distribution  de tout ce qui a trait aux cartes d’alimentation.

Le conseil  ouï  l’exposé ci-dessus ; considérant que le procédé actuel est préjudiciable à l’agriculture, il :

  • émet un avis favorable à ce projet
  • vote une somme de 60 francs par mois pour ce nouveau service ; la somme sera prélevée sur les fonds disponibles 
  • demande à Monsieur le Préfet l’autorisation d’y pourvoir avec point de   départ pour tout ce qui a trait au ravitaillement du mois de mai.

Ainsi fait et délibéré les jours mois ans que dessus par les membres présents, signé au registre

Signatures de Plazanet, Renaudie, Bonnet, Duvaleix, Beau, Lamégie, Pagès

1 André Auzy, maréchal-ferrant au bourg de Saint-Geyrac, est prisonnier de guerre en Allemagne. Pour assurer ce travail indispensable dans une commune rurale , il est remplacé par son frère Jean, qui est en outre secrétaire de mairie depuis 1926.

Pour consulter le compte-rendu manuscrit original, cliquer ici.

Extrait du compte-rendu du conseil municipal du 15 décembre 1942

Transcription de l’extrait

III ) Monsieur Loubiat chargé de la délivrance des cartes d’alimentation par délibération du conseil municipal en date du 13 avril 1941 est appelé à de nouvelles fonctions à partir de 1943 et ne peut dès ce moment assurer cette charge : je vous proposerai Monsieur Théodore Robert à son remplacement, ce dernier donnant toute garantie nécessitant cet emploi.

Le conseil : ouï l’exposé ci-dessus accepte cette nomination. Considérant que Monsieur Théodore, qui accepte ce jour moyennant une rétribution de cent francs par mois, donnera satisfaction complète à cet emploi. Note au budget de 1943 la somme nécessaire à cet rétribution avec point de départ le 1er janvier 1943.

Transmis à Monsieur le Préfet pour approbation tant en ce qui concerne cette nomination qu’à la différence de salaire alloué à Monsieur Loubiat, soit 720 F par an porté à 1200 F.

Cette proposition du conseil municipal a été approuvée par le Préfet le 7 janvier 1943.

Pour consulter le compte-rendu manuscrit original, cliquer ici.

Extrait du compte-rendu du conseil municipal du 5 septembre 1943

Brachet Auzy, facteur, embauché comme tambour-afficheur

Le service ravitaillement recensement et réquisition donnant lieu à de nombreux déplacements au domicile des contribuables et vu cet état de chose, je me suis mis en rapport avec M. Auzy , facteur, qui se chargerait d’assurer en déplacements ces fonctions du travail du tambour-afficheur pendant ses heures de vacation      et ceci pour une rémunération fixe de 600 francs par an, dépenses  /… /1 que les dépenses effectuées jusqu’à ce jour par personne requise spécialement.

Le conseil, vu l’exposé ci-dessus, accepte cette proposition de rémunération qui évite à la commune de /…/ 1  dépenses suite à de nombreux déplacements, vote la somme de 600 francs nécessaire à cette rémunération qui aura son point de départ le 1er juillet 1943   car ce dernier a à titre d’essai effectué ce service depuis cette date. Le crédit nécessaire est inscrit au budget additionnel de 1943 et primitif 1944 chapitre « tambour-afficheur ».

1 Certains mots sont illisibles sur le document original.

Pour consulter le compte-rendu manuscrit original, cliquer ici

Extrait du compte-rendu du conseil municipal du 2 juillet 1944

Arrêté de nomination

Le Maire, le conseil municipal

Vu la délibération du conseil municipal du 13 avril 1941,

Vu l’autorisation préfectorale à la nomination d’un préposé à la délivrance des titres d’alimentation,

Considérant qu’en l’absence de M. Robert Théodore, un remplaçant s’impose,

Arrêtons

Article 1er : M. Sarrette Henri, agriculteur domicilié à Saint-Geyrac, est nommé préposé à la délivrance des titres d’alimentation en remplacement de M. Théodore, absent

Article 2 : le point de départ de cet emploi est fixé au 1er juillet 1944

Article 3 : son traitement annuel est fixé à mille deux cent francs

Article 4 : le présent arrêté sera adressé en double expédition à M. le Préfet pour contrôle et justification du titre de dépenses.

Ainsi fait et délibéré, les jours, mois et an que dessus, par les membres présents, signé au registre.

6 signatures

Pour consulter le compte-rendu manuscrit original, cliquer ici

Cartes d’alimentation

Une carte d’alimentation est nominative; elle est attribuée par la mairie.

recto

Mode d’utilisation de la carte d’alimentation (explication officielle donnée sur la carte)

La carte se comporte d’une couverture et d’un encartage dit feuille de coupons, qui comporte pour chaque mois 10 coupons numérotés de 1 à 10. Chacun de ces coupons correspond à une denrée déterminée pour la consommation de 6 mois à l’expiration desquels la feuille des coupons est remplacée, par les soins des municipalités, contre remise du COUPON D’ ECHANGE par une feuille valable pour les 6 mois suivants.

Le Gouvernement détermine les denrées contingentées et le coupon auquel elles correspondent.

Pour les denrées achetées au jour le jour, le consommateur échange, où et quand il lui est indiqué, le coupon contre des tickets de consommation dont le total correspond à la ration allouée, pour le mois, aux consommateurs des diverses catégories suivant le taux fixé pour chacune d’elles ; ils ne sont valables qu’à la date qu’ils portent. Pour les autres denrées, elles sont acquises contre remise directe du coupon au détaillant à qui incombe l’obligation de la détacher.

Les coupons correspondant à des denrées contingentées, détachés par le consommateur, sont sans valeur. 

coupon d’échange joint à la carte

Explication officielle donnée sur le coupon:

Au mois de juin et au jour indiqué par l’administration, le consommateur se rendra à sa section de distribution muni de sa Carte d’Alimentation.. Contre le Coupon d’Echange ci-joint qui leur servira de justification, les Agents de l’Administration lui remettront une nouvelle feuille de coupons valable pour le semestre JUILLET à DECEMBRE.

Les feuilles de coupons doivent obligatoirement porter ci-contre le cachet de la Mairie distributrice.

Tentative d’explications complémentaires: (par J. Duvaleix)

La carte individuelle d’alimentation donne droit à un contingent de coupons (ration pour le mois) ou de tickets (ration hebdomadaire ou quotidienne). Les autorités fixent les denrées contingentées et les coupons correspondant avec les quantités ad-hoc.

La quantité dévolue varie suivant l’âge et la profession. Les catégories de demandeurs sont représentées par des lettres:

  • E enfant
  • J jeune ( J1 jeune de 3 à 6 ans, J2 jeune de 6 à 12 ans, J3 jeune de 13 à 21 ans)
  • A adulte (de 21 à 70 ans); c’est le cas de la carte reproduite ci-dessus
  • T travailleur de force
  • C travailleur agricole
  • V personne âgée

Les épiceries ou les magasins fournissent les quantités indiquées en échange de coupons ou de tickets sur présentation de la carte d’alimentation.

Quelles étaient les denrées contingentées?

Cela varie d’une année à l’autre, et des zones géographiques considérées. Qu’en est-il à Saint-Geyrac? Nous continuons à chercher. Au niveau national, des produits alimentaires sont difficiles à trouver dès novembre 1939: l’huile, les pâtes, le café. Le pain, base de l’alimentation à la campagne, est rationné: 350g par jour en septembre 1940, puis 275g en avril 1941. Il en est de même pour la viande.

Certaines cartes d’alimentation sont maintenues après la Libération (elles sont totalement supprimées en 1949). Deux exemples:

tickets de pain pour jeune de 3 à 6 ans

Explication officielle: Les tickets portant les numéros 1 à 3 ne peuvent être utilisés que pendant la 1ère quinzaine, et ceux portant les numéros 5 à 7 que pendant la 2ème quinzaine.

La loi punit des peines les plus graves la contrefaçon, le trafic et la mise en circulation irrégulière des titres d’alimentation.

coupon de denrées diverses (matières grasses-viande-fromage) pour J1