1932-1934 Mr Biratelle

Pierre Biratelle -12-08-1934

Photo offerte à J Galinat par Etienne Biratelle

C’est le 1er octobre 1932 que Pierre Biratelle prend ses fonctions dans notre Commune.

Il est né le 22 juillet 1904 à Monpazier. Il sort de l’Ecole Normale le 18 juillet 1925 et est nommé stagiaire à l’école des Fouilloux (Jumilhac le Grand) où il passera l’épreuve pratique et orale du certificat d’aptitude pédagogique le 29 octobre de la même année. Il devient définitivement Instituteur. Il sera nommé à Boulazac, au Vieux Bourg.

Il n’y a qu’une école, sur la place à côté de l’église. Elle fonctionnera jusque dans les années 1990 puis sera transformée en logements.

Il quittera Boulazac pour chez nous le 01-10-1932. Marié le 08 04 1931 avec Hélène Marty, il arrive avec sa femme.

Léontine Théodore m’a confié : «Madame Biratelle ne faisait pas la classe»

Elle n’avait pas le « Certificat d’aptitude pédagogique » nécessaire pour obtenir un poste de titulaire dans l’enseignement.

Alors qui faisait la classe aux petits ? Le 21-03-2016 Léontine Théodore se souviendra du nom : Madame Bourdeille.

Quand ils partiront pour Périgueux elle travaillera aux « PTT». Elle ne prendra  un poste d’intérimaire qu’à Lunas.

Le  dossier de Pierre Biratelle déposé aux Archives départementales, fonds Académie , nous apprend tout cela et nous livre aussi une pièce rare : son rapport d’inspection à l’école de Saint Geyrac le 27-02-1933.

Que dit-on de l’école ?

Elle compte 50 élèves dont seulement 37 sont présents.

La « grande classe » (cours moyen et cours supérieur) dont il est chargé est mixte, la « petite classe » était réservée aux institutrices !

Dans sa classe l’effectif est de 30 et ce jour-là ils sont au nombre de 24. L’Inspecteur notera dans la rubrique fréquentation habituelle : « mauvaise en janvier et février ». C’est la « classe des petits » qui plombe les statistiques !  Le matériel n’est pas formidable. L’Instituteur précédent a pourtant investi dans un peu de matériel et créé une coopérative scolaire.

Il quitte Saint Geyrac  pour Périgueux le 01-01 -1934.  Le 31-05 de cette même année naîtra Etienne.

Viendra ensuite Jean-Pierre le 21-03-1937.

 Ils sont nés tous les deux à Périgueux, alors que Pierre Biratelle se déplace de l’école du Toulon  à l’école du Centre.

 Il  quitte la ville pour la campagne en raison de la santé délicate de ses enfants. Il  choisira parmi « trois postes déshérités non pourvus parce que non sollicités ». Il se retrouvera à Lunas où il est nommé le 01-10 1938.

Un poste double vient d’y être crée qui conviendra parfaitement au couple puisque Mme Biratelle sera nommée en tant qu’ « intérimaire adjointe de son mari».

Quelques soucis les attendent, la Mairie traîne la patte pour l’aménagement des locaux ! Il faudra l’intervention du Préfet.

Mauvais présage !

Les relations s’enveniment avec la Municipalité et notamment avec le Maire qui l’accuse de s’être fait nommé à Lunas pour faire « une  propagande laïque ».

Elles deviennent insupportables quand il veut créer une caisse des Ecoles « pour gérer et organiser une cantine scolaire vieille de quelques années qui donnait une soupe chaude pendant les mois d’hiver et venait d’être supprimée». Le Maire refusera la caisse des Ecoles.

Cette attitude hostile vis-à-vis de l’école publique se rencontrait assez souvent. De plus, la Caisse des Ecoles étant obligatoire (lettre de l’Inspecteur d’Académie en date du 21 01 1939), ce Maire refusait simplement d’obéir à la loi.

Pendant son séjour à Lunas la guerre éclate et il mobilisé le 5 septembre 1939. Il sera rendu « provisoirement à le vie civile après réforme » à partir du 1er juin 1940.

Il est nommé directeur de l’école de garçons à Sainte Alvère en 1942.

Sa femme titulaire du Brevet élémentaire sera adjointe à l’école de filles. On lui offrait le poste à condition qu’elle fasse un an de stage afin  d’être titulaire. Sainte Alvère avait l’avantage d’être relié par un car à la gare du Bugue, ce qui lui permit pendant son stage de venir dans sa famille chaque semaine. Elle eut donc sa classe à la rentrée 1943.

Bien que réformé Pierre Biratelle ne reste pas inactif mais dans l’ombre. Il fait partie de l’Armée secrète dans cette région du sud du département  réputée pour ses camps de maquisards.

Etienne a bien voulu me parler de ses activités et me raconter son arrestation. Il m’a paru très volubile et très heureux qu’on n’oublie pas son père. Voilà ce qu’il m’a dit :

 « Mon père était membre de l’Armée Secrète et appartenait au groupe Mireille. J’étais âgé de 9 ans et j’étais dans sa classe. Le 18 décembre 1943, il était 13h 30 et on rentrait en classe. Trois membres de la Gestapo  se sont avancés, ont parlé avec lui, puis l’ont emmené »

 Pierre Biratelle a eu juste le temps de remettre son alliance à son épouse qui apprendra plus tard qu’il a été dénoncé.

Quelques jours après son arrestation, des membres de l’Armée Secrète règleront leur compte aux traîtres.

Pierre Biratelle sera conduit avec d’autres résistants à la caserne Chanzy à Bergerac. Avec ses compagnons de misère il sera transféré à Limoges puis à Compiègne d’où il partira  pour les camps en Allemagne.

Franck , petit-fils de Pierre Biratelle, a apporté les précisions suivantes : « en Allemagne il sera placé dans les camps de Buchenwald et de Flossenburg« .

Il précisera les circonstances de sa libération et de son décès.

« C’est l’armée soviétique qui l’a libéré, à Leit Meritz (dans l’ex Tchécoslovaquie), le 8 mai 1945, après qu’il ait effectué l’une des « marches de la mort » que les nazis avaient imposées à une partie des déportés survivants. » Son périple de retour se terminera à l’hôpital de Lyon où il décèdera le 29 juin 1945 « d’un affaiblissement et de carences généralisées, en raison de son état physique très dégradé »

Son corps ne sera rapatrié que fin 1946. Dans son dossier on peut lire les lettres envoyées par l’Inspecteur d’Académie aux différents Inspecteurs de l’Enseignement Primaire .

Ceux-ci devaient informer les  enseignants, les invitant à assister à la « réinhumation, à Périgueux le 29 octobre 1946 à 17 h». Parmi ces Inspecteurs de l’Enseignement Primaire se trouvait le sien, Jean Palméro compagnon de lutte de Pierre Biratelle au sein de l’Armée Secrète.

Photos J Galinat

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