Image mise en avant : cahier de doléances de Saint Geyrac
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Entre le 1 et le 10 mars 1789, les paroisses vont rédiger leur cahier de doléances et élire leurs délégués. Ces cahiers pas plus que les délégués n’iront à Versailles mais à l’assemblée du Tiers Etat de la Sénéchaussée secondaire à Périgueux.
Henri Maurit notre curé, fut chargé de lire au prône de la messe et d’afficher « au devant de la porte principale de l’église », la convocation du Roi et celle du Sénéchal du Périgord. Le gouvernement le chargea de faire la leçon aux paysans. Il reçut des instructions : « Le peuple dans les campagnes surtout, n’est guère en état de comprendre, par une lecture rapide, les avantages qui peuvent résulter pour lui de la tenue des Etats Généraux, ni de connaître ce qu’il doit faire pour que cette grande assemblée opère réellement tout le bien possible. Je suis persuadé Monsieur le Curé que vous voudrez bien le lui expliquer. » Elles se terminaient ainsi « Comme plusieurs paroisses pourraient être embarrassées pour dresser les cahiers de leurs instructions ou doléances, je vous en fais passer, Monsieur, un projet que vous voudrez bien communiquer au syndic de votre paroisse. »
Ce modèle suggérait un plan adopté partout fourni par le juge de la juridiction (Marc Martini Sieur de Lagoufenie) ; description des maux dont souffre la paroisse puis remèdes à y apporter.
A Saint Geyrac le cahier fut élaboré le 6 mars 1789
Deux parties composent ce document / AD microfilm 6C12
Le Procès verbal, document juridique garantissant la validité des élections, et toujours la signature des présents quand ils savent signer. Voir la transcription.
Puis vient le cahier proprement dit contenant les doléances. Voir la transcription
Saint Geyrac en 1789… que peut-on savoir en lisant ces cahiers de doléances ?
La paroisse compte 166 feux soit 664 habitants environ.
Qui vote ?
Il faut être né français, âgé de 25 ans, compris dans le rôle des impositions, habiter Saint Geyrac.
La liste des participants :
69 hommes et 2 femmes
Le curé n’est pas mentionné mais il a fait un travail en amont.
Lieu de la réunion
Le presbytère
Les métiers de quelques participants
Sonneur de cloches 1
Tisserand 1
Laboureur 2 (celui qui possède les animaux et le matériel de labour, l’agriculteur d’aujourd’hui)
Journalier 1 (celui qui se loue de manière temporaire)
Maître en chirurgie 1
Les « chaffres » ou surnoms
Indispensables car les prénoms choisis ne sont pas variés, ce sont ceux des parrains et marraines, frères ou sœurs
Pierre Delage dit Fayoulet-Pierre Boudit dit Marguissou-Pierre Andraud dit Bitard
Léonard Laronze dit Grangnau-Jean Perrot dit Quinque-Jean Daubisse dit Marchedroit
Antoine Bretou dit Valade-Pierre Bretou dit Mauricor-Jean Desmons dit Picher
Jean Pascalet dit « mbon »-Bernard Pascalet dit Poulard-Jean Tibal dit Rebingou
Jean Bourdichou dit Caton
Des précisions
Jean Desmons fils d’Huguet
Jean Crubelier aîné
Le nommé Grangnau (on ne connaît pas le prénom)
La veuve du sieur Sengense en son vivant Maître chirurgien
Léonard Bourdichou de Jean Merle
Les femmes qui paient des impôts
La veuve du Sieur Desmaison
La veuve du Sieur Sengense
Le titre de Sieur
Le simple « Sieur »indique une profession intermédiaire -souvent aussi une terre et vous donne l’air d’un notable
Marc Martini, Sieur de Lagoufinie, juge de Paix de notre juridiction
Les notables habitant la Paroisse
La Taleyrandie : François Desmaisons de la Taleyrandie . Il vit avec sa mère veuve.
La Grêlerie : Pierre Brassat Meynor ou Brassat Dumeynor ou Meynot
Jacques Montayaud
Qui sont les délégués ?
Les notables rentiers : Pierre Brassat sieur du Meynor et François Desmaisons sieur de la Taleyrandie
On y trouve une description de la paroisse
« établie sur un sol presque entièrement disposé en vallées ,en collines rudes, pierreuses, en général couvertes de bois et pour ces raisons sujet à la ravine, aux inondations, au brouillard et aux gelées, lesdits habitants ne retirent jamais que de très médiocres récoltes qu’il leur faut arracher des entrailles de la terre par des travaux sans relâche et des peines sans fin. Eloignés de tout lieu de commerce, ils n’en ressentent pas une influence. Enfin placés entre deux grandes routes pratiquées de Périgueux à Sarlat et de Tulle à Bordeaux, après avoir eu la peine de construire une grande étendue, il leur reste à présent la charge de les entretenir souvent suivie de celle des voitures, des équipages, des troupes du roi qui depuis plusieurs années ont un passage assigné sur la première. A tous les désagréments dérivant de la nature du climat « se réunissent la prorogation de deux vingtièmes qui auraient dû prendre fin depuis longtemps avec l’imposition d’une taille qui élevée par degrés d’un taux « exhorbité » eu égard aux revenus desdits habitants ».
Les impôts sont écrasants et on ne peut plus s’en sortir !!!
Les maigres revenus, « la rigueur des impôts font que les femmes et les enfants en sont réduits à aller mendier leur pain . Il reste en friche une partie considérable des terres……..les industries et toutes activités y sont bannies ».
Bref la paroisse est misérable.
Les habitants émettent des souhaits
« Enhardis par la liberté qui leur est donnée de s’expliquer à cet égard »
- assujettir tous les biens du royaume à la charge publique
- rayer d’une main courageuse toutes les pensions qui d’après examen ne seraient pas trouvées d’être vraies services rendus à l’état
- réduire à de justes bornes les appointements attachés à de grandes places de même que ceux des emplois lucratifs de finances.
- Enfin une des plus grandes obligations de l’état étant de pourvoir aux besoins des pauvres, il leur paraît encore qu’on trouverait une ressource aussi étendue que peu onéreuse en assujettissant tous ceux qui dans la suite seraient pourvus de bienfaits, à donner une partie des revenus qui leur reviendraient pour être distribués aux pauvres ».
- Le manque de temps ne leur permet pas, disent ils, d’entrer dans les détails, mais, « il est aujourd’hui d’autant plus important de proscrire remises et gratifications qu’elles sont arrosées du sang et des larmes des misérables »
Ont signé
Il est écrit en toutes lettres : « ceux des habitants qui savaient » -8 personnes.
Brassat du Meynot -Desmaison-Lasserre- Fortis- Boudy- Andraud- Daubisse- Reynaud
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