Saint Geyrac et la Révolution de 1789

A la veille de la Révolution

            Administrativement, le Périgord dans les limites  de l’actuel département de la Dordogne  dépendait de la généralité de Bordeaux, elle-même divisée  en quatre subdélégations :s Périgueux  la nôtre, Sarlat, Bergerac et Libourne.

             C’est dans ce cadre que la province payait ses impôts au roi.

            Pour la gabelle (impôt  indirect sur le sel)  elle  faisait partie des provinces « redîmées ». Ce mot vient du latin redimerer=racheter. Les provinces du sud-ouest ne paient plus l’impôt sur le sel depuis le milieu du XVIème siècle en échange d’un versement au roi d’une importante somme globale.

Pour la justice, elle dépendait du Parlement de Bordeaux.

            Voici ce que dit le Marquis de Fayolle (1765-1840) grand propriétaire terrien à Tocane Saint Apre à propos du Périgord : « De la mauvaise culture qui est établie, dérive la pauvreté de ses habitants et l’état inculte d’une grande partie de son territoire…..Les arts et métiers sont encore dans l’enfance. » 

Les différentes importations concernent la production nécessaire à la consommation des habitants et l’exportation est bien faible.

Les routes sont en mauvais état.

L’instruction ? Peu de cultivateurs savent lire. Ils parlent le « patois », mélange de gaulois, de latin et de quelques mots anglais héritage d’Aliénor.

Nourriture : des châtaignes un partie de l’année, du pain de seigle et du maïs.

Maladies : dysenterie, fluxion de poitrine, fièvre ardente. 

             A l’été de l’année 1788   des averses de grêle et des orages dévastèrent le Périgord  et à nouveau le spectre de la famine hanta les habitants.

 L’hiver 88-89 fut le plus rigoureux du siècle !!!

            Dès le printemps 1789, on dut faire face à des affamés. Des émeutes éclatèrent ici et là contre les spéculateurs qui favorisèrent «  la grande paou» (grande peur). Le roi fut contraint  de prendre des mesures rapides et convoqua les Etat généraux.

LA PREPARATION DES ETAT GENERAUX

8 août  1788  arrêt du Conseil convoquant les états généraux pour 1789

24 janvier 1789 règlement royal organisant la procédure électorale

            Entre le 1 et le 10 mars 1789, les paroisses vont rédiger leur cahier de doléances et élire leurs délégués. Ces cahiers pas plus que les délégués n’iront à Versailles mais à l’assemblée du Tiers Etat de la Sénéchaussée secondaire à Périgueux.

            Henri Maurit notre curé,  fut chargé de lire au prône de la messe et d’afficher « au devant de la porte principale de l’église », la convocation du Roi  et celle du Sénéchal du Périgord. Le gouvernement le chargea de faire la leçon aux paysans. Il reçut des instructions : « Le peuple dans les campagnes surtout, n’est guère en état de comprendre, par une lecture rapide, les avantages qui peuvent résulter pour lui de la tenue des Etats Généraux, ni de connaître ce qu’il doit faire pour que cette grande assemblée opère réellement tout le bien possible. Je suis persuadé Monsieur le Curé que vous voudrez bien le lui expliquer. » Elles se terminaient ainsi « Comme plusieurs paroisses pourraient être embarrassées pour dresser les cahiers  de leurs instructions ou doléances, je vous en fais passer, Monsieur, un projet que vous voudrez bien communiquer au syndic de votre paroisse. »

            Ce modèle suggérait un plan adopté partout fourni par le juge de la juridiction (Marc Martini Sieur de Lagoufenie) ; description des maux dont souffre la paroisse puis remèdes à y apporter.

A Saint Geyrac le cahier fut élaboré le 6 mars 1789

Deux parties composent ce document / AD microfilm 6C12

Le Procès verbal, document juridique garantissant la validité des élections, et toujours la signature des présents quand ils savent signer.

Transcription

Procés verbal des habitants du tiers état de la paroisse de St Geyrat pour la nomination des députés. AD microfilm  6C12

Dans la marge : paroisse de St Geyrat- députés Pierre Brassat sieur de Meynor –François Desmaisons-166 feux

Page 1 Aujourd’huy sixième du mois de mars mille sept cent quatre-vingt-neuf au Bourg de St Geyrat en périgord, en assemblée convoquée au son de la cloche, en la manière accoutumée, sont comparus au presbytère de ce lieu, par devant nous Marc Martini sieur de Lagoufini juge de la présente juridiction, savoir Léonard Beaupuy sonneur de cloches, François Loubiat sieur de Fortis, Guillaume  Chumon tisserand, Guillaume Giraudou laboureur, Martial Caliavet, Jean  Reyen, Thoni Lacombe journalier, Martial Calliavet, Jean Lacombe, Joseph Montauriol, Pierre Plazanet, Pierre Delage dit Fayoulet, Jean Caliavet, Pierre Boudit dit Marguissou, Jacques Gonthier,  Jean Duvaleyn, Jean Desmond fils d’Huguet, Jean  Crubelier aîné, Pierre Lagorse, Pierre Andraud dit Bitard, Girou Lacoutini, Jean Reynaud, Jean Lacombe, Jean Perrot dit Quinque,  Anthoine Bourdichon, Jean Montauriol, Thoni Perrot,(27 )Léonard Fortunel, Sieur Jacques Montayaud, Elie Duvalyn, Léonard Laronze laboureur, le nommé Grangnau , Jean Daubisse dit Marchedroit, la veuve du sieur Sengense en son vivant maitre en chirurgie, Anthoine Bretou ou Valade, Anthonin Falgorin, Pierre Bretou dit Mauricor, Léonard Leymarie,  Jean Gris, Jean Andraud, Jean Desmons dit picher, François Desmaisons sieur de la Taleyrandie, la veuve du sieur Desmaisons, sieur Léonard Bourdichou de Jean Merle, Geoffroi Plazanet,  Pierre Dessales, Jean Pascalet dit mbon, (20) Bernard Pascalet dit poulard, Eymard Desmons, Jean Perrot, Naillaz Ladeuil, David Tibal, Jean Tibal dit rebingou, François Chavigniers, Anthoine Lacoste, Anthoine Laroumagne, Eymard Montauriol, Jean Reynier, Bernard Viragonlu, Louis Tusorne, David Tuverne, Bernard lacoste, Jean Destreguil, Jean Dougnac, Jean  Bourdichou dit Caton, Hugue Thibaud, Joseph Dougnac, Naillas Dougnac, Pierre Brassat sieur Dumeynor, sieur Jérôme de Beaupuy et Jacques Reynaud (24)tous nés français âgés de

Page 2 vingt-cinq ans, compris dans le rôle des impositions de cette paroisse y habitant, composé de 166 feux ; lesquels pour obéir aux ordres de sa majesté, portés par les lettres données à Versailles le 24 janvier de la présente année, pour la convocation des états généraux du royaume et satisfaire aux dispositions du règlement y annexé ainsi qu’à l’ordonnance de monsieur le sénéchal du Périgord et de monsieur son lieutenant général datée du 16 février aussi présente année, dont ils nous ont déclaré avoir eu parfaite connaissance, tant par la lecture qui vient de leur en être faite que par la lecture en publication  cy devant faite au prône de la messe de la paroisse par monsieur le curé d’icelle le 1 er du mois de mars courant et par la lecture et publication en affiches pareillement faites le même jour à l’issue de ladite messe de paroisse, au-devant de la porte principale de l’église, nous ont déclaré qu’ils allaient s’occuper, de la rédaction de leur cahier de doléances, plaintes et remontrances ; en effet y ayant vaqué ils nous ont représenté ledit cahier qui a les signatures desdits habitants qui savent signer  et puis nous l’avons paraphé et coté par la première et dernière page paraphé né varieture ( sans y rien changer) au bas d’icelle.

Et de fait les dits habitants après avoir murement délibéré sur le choix des députés  qu’ils sont tenus de nommer en conformité des dites lettres du roi et règlement y annexé ;  et les voix ayant été par nous recueillies, en la manière accoutumée, la pluralité des suffrages sont réunis en faveur des sieur Dumeynor et Desmaisons qui ont accepté ladite commission et promis de s’en acquitter fidèlement.

La dite nomination des députés ainsi faite les dits habitants ont en notre présence remis aux sieurs Dumeynor et Desmaisons les députés, le cahier afin de la porter à l’assemblée qui se tiendra le onze du présent mois devant Monsieur le lieutenant général de la présente sénéchaussée et leur ont donné tous pouvoirs requis et nécessaires à l’effet de les représenter par l’ordonnance

Susdite de monsieur le sénéchal et lieutenant général, comme aussi de donner pouvoirs généraux et suffisants  de proposer, remonter, aviser  et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de l’état, la 

Page 3  réforme des abus, l’établissement en ordre fixe et durable dans toutes les parties de l’administration, la prospérité générale du royaume et le bien de tous et de chacun des sujets de sa majesté.

Et de leur part les dits députés  se sont présentement chargés du cahier des doléances de la paroisse, et ont promis de le porter à ladite assemblée et de se conformer à tout ce qui  en présent est ordonné par les dites lettres du roi, règlement y annexé et ordonnances susdites,  desquelles nominations de députés, remise de cahier,  pouvoirs et déclarations, nous avons, à tous les susdits comparants donné acte  et avons signé  ceux des habitants qui savent signer et aussi les dits députés notre présent procès-verbal ainsi que le duplicata  que nous avons présentement remis  aux députés pour constater leur pouvoir

La minute de ce procès-verbal ayant été déposée au greffe de la présente juridiction  ledit jour et an que dessus.

Page 4

St Geyrac  députés Pierre Brassat du Meynot,  Sieur François  Demaison , 166 feux

Puis vient le cahier proprement dit contenant les doléances.

Transcription

        Cahier de doléances plaintes et remontrances

A n°20  

Page 1 Cahier rédigé par les habitants du tiers état de la paroisse de Saint Geyrat Sénéchaussée de Périgueux. En l’ assemblée convoquée à la messe le présent jour, tenue en conformité des ordres de sa majesté portés par les lettres données à Versailles le 24 janvier de la présente année pour la convocation des Etats généraux en ce royaume, qu’en exécution des dispositions du règlement y annexé, ainsi que de l’ordonnance de Monsieur le grand sénéchal du Périgord datée du 6 février aussi de la présente année, pour ledit cahier, par les sieurs Dumeynor et Desmaisons députés nommés de la part des mêmes habitants, être porté à l’assemblée préliminaire qui sera tenue par monsieur le lieutenant général de ladite sénéchaussée, en la ville de Périgueux le 11 du mois de mars courant.

Commencent les –dits habitants par déclarer que les grandes difficultés qui leur ont été proposées à répondre, étant absolument au-dessus de leur faible portée ; s’ils se sont occupés d’un pareil objet c’est bien plus pour obéir à la loi qui leur en était imposée, que par le téméraire espoir d’avoir le bonheur d’y réussir, puis qu’aussi dépourvus des connaissances nécessaires pour indiquer les moyens de subvenir aux besoins de l’état, qu’ils seraient embarrassés pour contribuer à les remplir, ils ne sauraient conséquemment, par un rapport, se promettre de fournir le moindre des expédients qui leur  sont demandés.

Etablis sur un sol presqu’entièrement disposé en vallées et  collines, rude, pierreuse, en général couvert de bois,

Page 2 pour ces raisons sujet à la ravine, aux inondations, au brouillard et à la gelée, lesdits habitants n’en retirent jamais que de très mauvaises récoltes, qu’il leur faut …pour ainsi dire, arracher des entrailles de la terre, par des travaux sans relâche et d’y labourer sans fin ; Eloignés de tout lieu de commerce, ils n’en ressentent pas une influence, enfin placés entre deux grandes routes  pratiquées de Périgueux à Sarlat, et de Tulle à Bordeaux, après avoir eu la peine d’en construire une grande étendue, il leur rets à présent la charge de les entretenir, souvent suivies de celles des voituriers les équipages des troupes du roi qui depuis plusieurs années ont un passage assigné sur la première.

A tous les désagréments dérivants de la nature du climat se réunissent la prorogation de deux vingtièmes qui auraient dû prendre fin depuis longtemps, avec l’imposition d’une taille qui élevée par degrés d’un taux exorbitant, eu égard aux revenus desdits  habitants, leur devient encore plus onéreux pour les biens de l’église, ………………que d’un privilège de la paroisse, n’y pas participer ; dans une situation si embarrassante, il serait sans doute de toute impossibilité auxdits habitants, non seulement de pouvoir subvenir d’une nouvelle imposition, mais encore s’il n’y était pas pourvu au plutôt de pouvoir continuer à supporter celles auxquelles ils se trouvent maintenant assujettis, étant de notoriété publique, que la cote part est supportée par plusieurs d’entre eux, ou bien les frais qu’ils éprouvent à  défaut d’être en état de l’acquitter aussitôt

 Page 3 quelle est exigée, en cédant souvent le même produit de leur bien,…..les propriétaires sont obligés à en abandonner la culture pour gagner ailleurs leur vie, et leurs femmes et enfants sont réduits à aller mendier leur pain  de manière que par la rigueur des impôts, il reste en friche une partie considérable des terres de cette misérable paroisse, comme toute industrie et toute activité en sont bannies par la même cause.

La misère, les charges accablantes et les dures extrémités pour lesquelles gémissent lesdits habitants ainsi suffisamment exposés ; passons maintenant aux moyens qu’il y aurait à prévoir pour remédier aux besoins de l’état ; quel qu’étranger qui fournit de pareils renseignements  à de pauvres gens de la campagne, tels que lesdits habitants, néanmoins enhardis par la liberté qui leur est donnée de s’expliquer à cet égard, ils représenteront qu’étant de toute justice d’assujettir indistinctement tous les biens du royaume à la charge publique, il parait que si on prenait cette voix que le tiers état ne cessera de réclamer ; sans aggraver la condition des peuples, on se procurerait aisément  un moyen légitime pour les soulager  à l’avenir et en même temps  une ressource assurée pour acquitter présentement les dettes de l’état, en ajoutant cette masse à la taille déjà établie sur le royaume, ou en créant  cette autre imposition que le feu pour en répartir sur tous les fonds qui jusqu’à présent en ont été affranchis.

Page 4 Comme aussi il paraît aux habitants qu’on pourrait encore se procurer, pour être employé aux mêmes besoins, un surcroit de ressources à tous, en rayant d’une main courageuse toutes les pensions qui d’après un examen sévère ne seraient pas trouvées, ou dues à de vrais services  rendus à l’état, qu’en réduisant  à de justes bornes les appointements exclusifs attachés aux grandes places, de même que ceux de ces emplois lucratifs de finance, dont les titulaires ne devraient ressentir. Pas un prince, fils aimant véritablement l’état, puisque les sacrifices auxquels ils  se trouveront exposés tourneront uniquement à son avantage.

Les engagements à remplir pouvant donc être acquittés en peu d’années, au moyen des ressources qui viennent d’être indiquées, auxquelles on pourrait  en joindre encore plusieurs autres, dont la brièveté du temps ne permet pas de faire ici l’énumération, ne s’agirait plus que d’y recourir comme ce fut l’ unique parti que l’état paraisse avoir à prendre pour mettre à même de soulager au plutôt les peuples en supprimant les deux vingtièmes actuellement subsistants, en réduisant par-là, à son état primitif cette sorte d’imposition, qui originairement crée pour des occasions passagères, finissait aussitôt que le besoin pour lequel elle avait été établie, était passé.

Page 5 Mais ce n’est pas tout de diminuer la somme des impositions,  il est encore nécessaire qu’il soit procédé à une nouvelle répartition du taux qui en restera, de même que pourrait  se revoir la perception, sans quoi la majeure partie desdits habitants n’en demeurerait pas moins fort chargée d’impôts, qu’exposée à être éternellement présentée par des exacteurs avides, prenant également dans tous les temps la rentrée des subsides, qui par de promptes remises s’attirent des gratifications qu’il est aujourd’hui d’autant plus important de proscrire, qu’elles sont associées au sang et aux larmes des misérables.

Enfin une des plus grandes obligations de l’état, étant  de pourvoir aux besoins des pauvres, il parait encore qu’on en trouverait une ressource aussi étendue que peu onéreuse en assujettissant tous ceux qui dans suite seraient   pourvus de Bénéfices soumis à la nomination Royale, à donner un sixième du revenu qui leur en reviendrait pour être distribué aux pauvres, en conformité du règlement qui serait fait à leur égard : ce qui n’entraine pas un inconvénient pour le présent ni pour l’avenir, puisque les titulaires actuels n’en souffriront pas, et que ceux qui dans la suite seraient pourvus  de

 Page 6 bénéfices auront d’avance une connaissance de la charge qui y serait imposée : par des mesures  de cette sorte l’on verrait reprendre leur destination  originaire à des biens souvent employés à un luxe et à un faste scandaleux, et l’on pourrait espérer de voir rentrer dans l’église, la candeur et la simplicité des premiers temps, que les grandes richesses n’ont que trop contribué à en sortir

mais  sans entrer dans un  plus long détail sur ce qu’il  pourrait y avoir à faire, afin de pourvoir aux divers besoins….s’agit, ainsi que tout ce qui peut en général intéresser la prospérité du royaume et celle de tout un chacun des sujets de sa majesté ; s’en remettant entièrement tant aux moyens que la haute sagesse du roi lui dictera la dessus qu’à ceux qui pourront lui être suggérés par les lumières de messieurs les députés qui composeront l’assemblée des Etats généraux du royaume ; lesdits habitants se borneront à faire les vœux les plus ardents pour le Bonheur du Roi et l prospérité de l’état dont ils sont unanimement demeuré d’accord, A St Geyrat le 6 mars 1789.


Saint Geyrac en 1789… que peut-on savoir en lisant ces cahiers de doléances ?

La paroisse compte 166 feux soit 664 habitants environ.

Qui vote ?

Il faut être né français, âgé de 25 ans, compris dans le rôle des impositions, habiter Saint Geyrac.

La liste des participants :

69 hommes et 2 femmes

Le curé n’est pas mentionné mais il a fait un travail en amont.

Lieu de la réunion

Le presbytère

Les métiers de quelques participants

Sonneur de cloches  1

Tisserand  1

Laboureur  2 (celui qui possède les animaux et le matériel de labour, l’agriculteur d’aujourd’hui)

Journalier  1 (celui qui se loue de manière temporaire)

Maître en chirurgie 1

Les « chaffres » ou surnoms

Indispensables car les prénoms choisis ne sont pas variés, ce sont ceux des parrains et marraines, frères ou sœurs

Pierre  Delage dit Fayoulet

Pierre Boudit dit Marguissou

Pierre Andraud dit Bitard

Léonard Laronze dit Grangnau

Jean Perrot dit Quinque

Jean Daubisse dit Marchedroit

Antoine Bretou dit Valade

Pierre Bretou dit Mauricor

Jean Desmons dit Picher

Jean Pascalet dit « « mbon »

Bernard Pascalet dit Poulard

Jean Tibal dit Rebingou

Jean Bourdichou dit Caton

Des précisions

Jean Desmons fils d’Huguet

Jean Crubelier aîné

Le nommé Grangnau (on  ne connaît pas le prénom)

La veuve du sieur Sengense en son vivant Maître chirurgien

Léonard Bourdichou de Jean Merle

Les  femmes qui paient des impôts

La veuve du Sieur Desmaison

La veuve du Sieur Sengense

Le titre de Sieur

 Le simple « Sieur »indique une profession intermédiaire -souvent aussi une terre et vous donne l’air d’un notable

Marc Martini, Sieur de Lagoufinie, juge de Paix de notre juridiction

Les notables habitant la Paroisse

La Taleyrandie : François Desmaisons de la Taleyrandie (maire de 1795-1800/1807-1830/1832-1834 †)

Il vit avec sa mère veuve

La Grêlerie : Pierre Brassat Meynot  ou Brassat Dumeynor  (maire de1792-1793/1800-1807) Jacques Montayaud

Qui sont les délégués ?

Les notables rentiers : Pierre Brassat sieur du Meynor et François Desmaisons sieur de la Taleyrandie

On y trouve une description de la paroisse 

 « établie sur un sol presque entièrement disposé en vallées ,en collines rudes, pierreuses, en général couvertes de bois et pour ces raisons sujet à la ravine, aux inondations, au brouillard et aux gelées, lesdits habitants ne retirent jamais que de très médiocres récoltes qu’il leur faut arracher des entrailles de la terre par des travaux sans relâche et des peines sans fin. Eloignés de tout lieu de commerce, ils n’en ressentent pas une influence. Enfin placés entre deux grandes routes pratiquées de Périgueux à Sarlat et de Tulle à Bordeaux, après avoir eu la peine de construire une grande étendue, il leur reste à présent la charge de les entretenir souvent suivie de celle des voitures, des équipages, des troupes du roi qui depuis plusieurs années ont un passage assigné sur la première. A tous les désagréments dérivant de la nature du climat « se réunissent la prorogation de deux vingtièmes qui auraient dû prendre fin depuis longtemps avec l’imposition d’une taille  qui élevée par degrés d’un taux « exhorbité » eu égard aux revenus desdits habitants ».

Les impôts sont écrasants et on ne peut plus s’en sortir !!!

Les maigres revenus, « la rigueur des impôts font que les femmes et les enfants en sont réduits à aller mendier leur pain . Il reste en friche une partie considérable des terres……..les industries et toutes activités y sont bannies ».

Bref  la paroisse est misérable.

Les habitants émettent des souhaits

 « Enhardis par la liberté qui leur est donnée de s’expliquer à cet égard »

  • assujettir tous les biens du royaume à la charge publique
  • rayer d’une main courageuse toutes les pensions qui d’après examen ne seraient pas trouvées d’être vraies services rendus à l’état
  •  réduire à de justes bornes les appointements attachés à de grandes places de même que ceux des emplois lucratifs de finances.
  • Enfin une des plus grandes obligations de l’état étant de pourvoir aux besoins des pauvres, il leur paraît encore qu’on trouverait une ressource aussi étendue que peu onéreuse en assujettissant  tous ceux qui dans la suite seraient pourvus de bienfaits, à donner une partie  des revenus qui leur reviendraient pour être distribués aux pauvres ».  
  • Le manque de temps ne leur permet pas, disent-ils, d’entrer dans les détails, mais, « il est aujourd’hui d’autant plus important de proscrire remises et gratifications qu’elles sont arrosées du sang et des larmes des misérables »

Ont signé

Il est écrit en toutes lettres : « ceux des habitants  qui savaient » -8 personnes.

Brassat du Meynot   -Desmaison-

 Lasserre- Fortis- Boudy- Andraud- Daubisse- Reynaud

PERIGUEUX

Nos deux délégués ainsi que ceux des autres paroisses  de la sénéchaussée devaient rejoindre Périgueux pour condenser tous les cahiers en un seul le 11 mars. La sénéchaussée de Bergerac le fit le 9 mars, celle de Sarlat le 10.

            Le cahier unique n’a pas gardé  l’authenticité du cahier des paroisses. On élit aussi des « électeurs »,1/4  des membres, qui iront à Périgueux assister aux états généraux du Périgord du 16 au 25 mars 1789, qui se tiendront dans la cathédrale Saint-Front.

            En même temps que le Tiers Etat, la Noblesse et le clergé établissaient chacun leur cahier de doléances.

            Les nobles contestaient la forme «  autoritaire » de la convocation des Etats généraux et surtout ils contestaient le doublement du Tiers Etat décidé par Louis XVI. Ils admettaient une réforme de l’impôt mais le maintien des autres privilèges était clamé haut et fort. En fait la noblesse périgourdine n’était prête à céder que sur le plan fiscal.

            C’est dans la cathédrale Saint Front que s’ouvrit le 16 mars l’Assemblée générale des trois ordres, présidée par le Grand Sénéchal gouverneur de la Province du Périgord, le marquis de Verteillac.

            Après avoir entendu la messe, « chaque ordre se plaça selon son rang : le Clergé à droite, la Noblesse à gauche, le Tiers Etat  en face du Grand Sénéchal ».

            860 délégués étaient présents dont : 380 du Tiers Etat, 240 du Clergé porteurs de 620 procurations, 240 de la Noblesse porteurs de 280 procurations.

Rapidement, le lendemain 17 mars,  les trois ordres se séparèrent n’ayant pu s’entendre pour rédiger 1 seul cahier pour chaque ordre.

Le Tiers Etat se rendit à l’église Saint-Silain (actuellement le Coderc) au centre de la ville, et qui sera  démolie en 1793.

La noblesse se rendit à l’église du  couvent des Augustins. Ce couvent  fondé en 1615 se trouvait à l’endroit du Musée du Périgord actuel.

Le Clergé resta à la Cathédrale.

Dans son coin, chaque ordre rédigea un seul cahier  et on passa à l’élection des députés :

Les 4 députés du Tiers Etat

Fournier de  La Charmie, Lieutenant-criminel du Périgord

Jean Baptiste Loys, avocat

Guillaume Gonthier de Biran, Lieutenant général de Bergerac

Paulhia de la Sauvetat, avocat

Les 2 députés du Clergé

Laporte, curé de Saint Martial d’Hautefort

Delfau, Archiprêtre de Daglan

Le Clergé s’octroya le droit de nommer un suppléant : Prunis.

Les 2 députés de la Noblesse

Comte de La Roque Mons, lieutenant général des armées du Roi

Marquis Foucauld de Lardimalie, (Saint Pierre de Chignac), capitaine au régiment des chasseurs de Hainaut .

La Noblesse fit comme le Clergé et nomma un suppléant : le Marquis de Verteillac.

            Il ne restait plus qu’à se retrouver à nouveau dans la Cathédrale pour prêter serment. Ce fut fait le 25 mars, à trois heures de l’après-midi. Chaque ordre reprit sa place devant le grand sénéchal  et désigna un orateur pour prononcer un discours. Tous sauf Gontier de Biran appelé à Bergerac pour « des affaires pressentes » prêtèrent le  serment de s’acquitter fidèlement de leur mandat. Gontier de Biran prêta serment le 16 avril suivant devant Fournier de La Charmie.

C’est ainsi que le 5 mai 1789 nos députés rejoignirent la salle des Menus plaisirs à Versailles. Ils se mêlèrent  aux 1317 députés ainsi répartis ;

Noblesse =330

Clergé= 326

Tiers-Etat= 661

Le vote : par ordre, chaque ordre possède 1 voix

les Nobles et le Clergé  faisant alliance ont 2 voix….. le Tiers Etat 1 voix ne peut rien.

La première revendication du Tiers Etat est le  vote par tête.

Noblesses  et Clergé = 656

Tiers-Etat =661

sans compter que le 22 juin 150 députés du Clergé et 2 de la Noblesse font alliance avec le Tiers Etat !

La Révolution est en marche…………

Tableaux récapitulatifs des quatre étapes menant à Versailles le 5 mai 1789

Quelques détails

Le feu : le sens primitif de ce mot est  foyer, habitation et par extension famille y habitant. A l’époque moderne ce mot prenait presque toujours le sens d’unité imposable, unité fort difficile à définir, qui ne correspondait plus à rien de précis, ni à une étendue  de territoire, chaque communauté d’habitants était réputée valoir tel nombre de feux, d’après lesquels étaient fixées ses impositions. De nos jours on parle de foyer fiscal.

un feu = environ 4 personnes

166 feux X 4= 664 habitants (environ)

La sénéchaussée : ou plus généralement baillage. Circonscription essentiellement juridique qui est sous la direction des baillis royaux, celle des baillis seigneuriaux est la seigneurie. Dans le midi et dans l’ouest on parle de sénéchaussées et le bailli devient le sénéchal.

Il y a trois sénéchaussées en Périgord : celle de Périgueux, celle de Bergerac, celle de Sarlat.

Un député de la noblesse près de chez nous.

Louis II de Foucauld marquis de Lardimalie

« Il est né le 7 décembre 1755 au château de Lardimalie, commune de Saint Pierre de Chignac, d’Arnaud et de Marie de Commarque. Chevalier de Malte, il fut capitaine de remplacement au régiment de chasseurs à cheval de Hainaut  Il épousa à Saint-Jean-de-Troyes, en Champagne, le 24 janvier 1782, Elisabeth de Mauroy, dame de Villemoyenne. Il fut élu au troisième tour, le 17 mars, député de la noblesse des états généraux de 1789. Il accepta tout ce qui, dans les idées révolutionnaires, ne portait pas atteinte à sa foi religieuse et monarchique. Ainsi, il signa le serment du Jeu de Paume et fut secrétaire de l’Assemblée du 7 au 9 mai 1791. Il émigra après la séparation de l’Assemblée Constituante, servit en 1792 dans l’armée des Princes et, en 1793, dans celle de Condé. Il fit ensuite toutes les campagnes de l’émigration et rentra en France en profitant de l’armistice impériale de l’an X. Il est mort accidentellement au château de Lardimalie, le 2 mai 1805. En effet, en réparant son château il est décédé enseveli sous les décombres d’une vieille tour »

Dictionnaire des députés de la Dordogne de 1789 à nos jours-Guy Penaud

Notre Commune changea de nom….

Voici le nom de notre Commune modifié après la Révolution. On retrancha le mot « Saint » sauf pour quelques Communes. La nôtre prit le nom de UNION.

On ne trouve pas trace de ce nom sur les registres d’Etat-civil, ni ailleurs..

14 juillet Fête nationale …depuis quand ?

Le 14 juillet 1789 fut commémoré le 14 juillet 1790 par une immense Fête que l’on nomma Fête de la Fédération……puis plus rien!

La République ne s’installa définitivement qu’après Napoléon III. Le 4 septembre 1870 on proclama la IIIème République, mais les républicains ne contrôlèrent toutes les institutions qu’à partir de 1879.

Comment enraciner complètement les institutions républicaines auprès du peuple ? On chercha alors à mettre en place des symboles et des pratiques collectives, une Fête nationale était tout indiquée. Des discussions s’engagèrent à la Chambre et les républicains se tournant vers la Grande Révolution, proposèrent le 14 juillet.

Le 21 mai 1880 le député Benjamin Raspail suivi par 63 de ses confrères déposa une brève proposition de loi : « La République adopte comme jour de Fête nationale la date du 14 juillet ».

Des discussions acharnées agitèrent les députés et les sénateurs…

Quel 14 juillet ?

celui de 1789 « qui avait mis fin au monde ancien et inauguré un monde nouveau »?

celui de 1790 qui avait donné « la France moderne « ?

Un amendement proposa le « 4 août » date à laquelle tous les Français étaient « devenus égaux devant la loi et les impôts ». …refusé!

La loi ne précisant pas quel 14 juillet est commémoré chacun y trouva son compte et elle fut promulguée le 6 juillet 1880.

Les discussions agitèrent alors la population et les Conseils Municipaux…certains voulaient un 14 juillet mobile, d’autres le déplacer au dimanche le plus proche, car cette date nuisait aux travaux des champs….bref on voulait un 14 juillet à la carte.

Et chez nous ?

De 1881 à 1900 le Maire de la Commune est Marc de Saleneuve qualifié de « réactionnaire » par les journaux de l’époque.

Voici les extraits des trois délibérations prises en 1881, 1882, 1883.

10 juillet 1881 ?….erreur sur la date
9 juillet 1882
24 juin 1883

On ne saura plus rien sur le 14 juillet à Saint Geyrac……peut-être en a-t-on parlé mais plus de trace dans le registre des délibérations.

De mémoire d’écoliers et d’enseignante, nous assistions chaque année à deux cérémonies : le 11 novembre et le 8 Mai ….

Un article du journal « Le Temps » du 21 août 1889 sur l’ouverture de la session du Conseil général de la Dordogne

A la lecture de cet article on comprend les décisions de Mr de Saleneuve et de son Conseil Municipal à propos du 1 4 Juillet.

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